ANALYSE DE HAMLET
HAMLET – « Pour une bouffée de gloire, ils vont à la tombe comme s’ils allaient au lit. Les quelques arpents qu’ils conquièrent ne suffisent ni aux armées pour croiser le fer, ni à la terre pour ensevelir les morts. » W. Shakespeare
L’intrigue de Hamlet est la suivante : « D’un motif de vengeance simple et universel, la pièce se développe en un réseau complexe d’émotions, de pensées et d’actions. Comme dans nombre d’œuvres de Shakespeare, les grandes lignes semblent d’une simplicité trompeuse. Le spectre du roi défunt du Danemark (également nommé Hamlet) apparaît au prince et lui révèle que son frère l’a assassiné avant d’épouser la reine. Il exige vengeance. Tandis que Hamlet questionne la véracité des paroles du spectre et se demande si la vengeance est juste, le nouveau roi se méfie et prépare sa riposte. À la fin, Hamlet, le roi et bien d’autres meurent. » (Shakespeare, 1999)
William Shakespeare est considéré comme le plus grand dramaturge de tous les temps. Trente-huit pièces, cent cinquante-quatre sonnets et deux longs poèmes nous sont parvenus. Né à Stratford-upon-Avon en 1564, il épousa Anne Hathaway en 1582 et eut trois enfants. Après avoir écrit de grands ouvrages comme Richard III, Othello, Le Roi Lear, Macbeth et Hamlet, il mourut le 23 avril 1616 dans sa ville natale. Il est reconnu comme le poète national de l’Angleterre et « le Barde d’Avon ».
Shakespeare emploie généralement une langue lourde et mesurée. La plupart de ses pièces utilisent un langage rimé et poétique. Même si cela peut paraître exagéré, ce n’est jamais monotone. Son langage est dynamique et émotionnel, ponctué de montées et descentes qui accélèrent le tempo. Chaque ligne de Hamlet porte un poids qui incite le public ou le lecteur à réfléchir.
Il sait opposer le vulgaire et le noble, l’innocence et la sauvagerie, le comique et le tragique. Il passe aisément des événements courants aux plus extraordinaires, présentant toutes sortes de personnages et de types sociaux tout en abordant les questions morales aux niveaux individuel et collectif. Hamlet montre ainsi innocence et brutalité, gens du peuple et nobles ensemble. Chaque personnage possède sa personnalité et son univers propres, preuve de la maîtrise de Shakespeare.
Les dynamiques shakespeariennes
- La pièce mêle tragique et comique
- La règle des trois unités n’est pas suivie
- Une tonalité moralisatrice parcourt l’œuvre
- La longueur et le rythme jouent un rôle essentiel
- Des références à Rome et à la Grèce antique
- Utilisation d’éléments mythologiques
- Symbole et métaphore abondent
- Approches critiques
- Structure de l’équilibre, du problème, de la solution et du nouvel équilibre
- Langage poétique
- Coexistence de nobles et de roturiers
- Présentation détaillée de tous les personnages, même secondaires
- Histoires parallèles
- Thèmes universels comme la justice, la vengeance et la trahison
- Profondeur philosophique
Textures et tendances culturelles
- L’action se situe au Moyen Âge : la présence d’un spectre témoigne de la croyance aux éléments métaphysiques
- Seuls les membres de la haute société, comme Hamlet et Horatio, sont instruits
- Les nombreuses références aux héros mythologiques reflètent l’intérêt de l’Angleterre pour Rome et la Grèce
- Le passage du trône à un membre de la famille illustre la monarchie
- Les couronnements montrent les coutumes royales
- Claudius dit à Hamlet que prolonger le deuil est un péché et « indigne d’un homme », révélant les attitudes face à la mort et un certain sexisme
- Laërte conseille à sa sœur Ophélie de préserver sa chasteté, signe de l’importance accordée à la virginité
- Le mariage de Claudius et Gertrude est maudit par le roi défunt, soulignant la condamnation de l’inceste
- Le spectre évoque sa mort sans avoir reçu les derniers sacrements, indice des rituels royaux avant le décès
- Hamlet fait jurer les gardes et Horatio sur son épée de garder le secret, reflétant la valeur accordée au serment
- Polonius mentionne un bordel, signe de la vision de l’adultère
- Les termes astronomiques comme les étoiles montrent l’intérêt scientifique de l’époque
- La mise en abyme révèle la situation des comédiens itinérants et des représentations à la cour
- Hamlet dit à Ophélie « Nous sommes tous des misérables. Ne crois personne. Va au couvent », allusion au rôle religieux des femmes
- Rosencrantz explique qu’il faut avant tout protéger celui dont dépend la survie du plus grand nombre, signalant la fidélité aux dirigeants
- Le duel à l’épée est un autre élément culturel
Hamlet et la Renaissance
Hamlet est une œuvre de la Renaissance. « La Renaissance (Rinascimento) est la période historique comprise entre le Moyen Âge et la Réforme. En Italie, aux XVe et XVIe siècles, elle a rétabli les liens entre l’Antiquité classique et l’Occident dans l’art, la science, la philosophie et l’architecture. Les travaux des penseurs grecs et romains furent traduits, la pensée expérimentale revint à la mode, l’accent fut mis sur l’homme (l’humanisme) et l’imprimerie permit une large diffusion du savoir. Cette époque marque la montée de l’Europe, longtemps en retrait, grâce au commerce et aux grandes découvertes. » (Anonyme)
Vers la fin de la Renaissance se développe le théâtre baroque (1590‑1750). Héritier du théâtre grec, médiéval et renaissant, il le mêle à l’idéologie de son temps. Dans ce courant, une hiérarchie s’établit entre les genres : tragédie, comédie et tragi‑comédie. Les théories d’Aristote sont délaissées : la règle des trois unités et la séparation stricte des genres ne sont pas respectées par certains auteurs. L’un des pionniers de cette forme de théâtre est William Shakespeare, aux côtés de Lope de Vega.
Shakespeare et la Renaissance
Shakespeare est un auteur de la Renaissance, mais il écrit en dehors des règles établies par les humanistes de l’époque, notamment Aristote, Horace et d’autres théoriciens. La règle des trois unités et la séparation des genres en sont des exemples. Bien que critiqué pour cela, c’est cette approche novatrice qui a fait de Shakespeare ce qu’il est.
L’homme de la Renaissance est curieux et questionneur. Hamlet, par son éducation, sa culture philosophique, sa maîtrise artistique et son tempérament interrogatif, partage cette vision. Portant la pensée humaniste centrée sur la raison et l’individu, Hamlet croit d’abord le spectre mais cherche à s’assurer de la vérité par la raison. Il doute de cette « réalité » dictée par un fantôme. Toutefois, Hamlet n’est pas pleinement un homme de la Renaissance. Shakespeare, par Hamlet, résume la conception de l’homme de son époque tout en y ajoutant sa touche personnelle :
« Quel chef‑d’œuvre que l’homme ! Doué de raison, d’une intelligence infinie ; noble et admirable dans sa forme et son mouvement ; dans ses actions un ange ; dans sa compréhension un dieu ; la beauté du monde, le modèle des vivants. Et pourtant, pour moi, ce n’est que poussière. »
On voit chez Shakespeare une remise en cause de la vision humaniste de son temps.
Shakespeare et l’époque élisabéthaine
Bien que la vie de Shakespeare comporte des zones d’ombre, on sait qu’il a vécu sous le règne d’Élisabeth I (1558‑1603). Ses pièces portent l’empreinte de cette période, ce qui aide à comprendre Hamlet.
L’époque d’Élisabeth I
Cette ère est celle où Ben Jonson, Christopher Marlowe et Shakespeare vivent leur période la plus prolifique, donnant son âge d’or au théâtre anglais. Les idées de la Renaissance venues d’Italie en sont le moteur. L’orientation vers la culture antique et la remise en cause du christianisme relèguent au second plan la conception médiévale de l’art. Le protestantisme s’impose, des universités voient le jour et une élite éduquée apparaît. Les avancées scientifiques se multiplient et l’humanisme domine. L’homme et la nature sont au cœur des préoccupations.
Au début du règne, on observe une unité nationale entre la cour et le peuple, favorisée par les succès militaires et la richesse acquise. Même si ces gains profitent surtout à la bourgeoisie naissante, le peuple en bénéficie également. Mais vers la fin du règne, la puissance de l’argent renverse toutes les valeurs et la société plonge dans le scepticisme et le pessimisme. La reine vieillissante entraîne des troubles politiques. Meurtres, luttes de pouvoir et intérêts personnels touchent toutes les couches sociales. Shakespeare écrit Hamlet précisément à cette époque d’incertitude politique et de trouble social.
Source et écriture de Hamlet
Les personnages et les événements de Hamlet s’inspirent de l’ouvrage du grammairien danois Saxo Grammaticus, Gesta Danorum (Les hauts faits des Danois), plus précisément de la section Vita Amlethi (La vie d’Amleth). Shakespeare transforme ces faits historiques pour en faire une pièce de théâtre.
Lieu et contexte politique
La pièce se déroule au Danemark. Les dramaturges de l’époque préféraient situer leurs histoires dans des pays lointains pour éviter la censure et ne pas s’attaquer directement à la monarchie anglaise. Les Anglais considéraient le Danemark comme un lieu sauvage peuplé de barbares. Ce cadre sert de miroir aux réalités politiques et morales de l’Angleterre.
Bien qu’indirecte, la comparaison entre la situation au Danemark et l’Angleterre est frappante. Écrite entre 1598 et 1602, alors qu’Élisabeth I meurt en 1603, la pièce reflète la fin de son règne. La reine est alors âgée, au pouvoir depuis presque cinquante ans. Les tensions politiques et les valeurs inversées par l’argent rappellent la corruption et les luttes de pouvoir évoquées dans Hamlet.
Décomposition de l’État et de l’individu
« Dans la métaphore médiévale de l’État-corps (body politic), on comparait la santé du corps du souverain à celle de l’État dans son ensemble. » (Bozer, 2019)
Dans Hamlet, Shakespeare souligne la pourriture morale et physique de l’État, des individus et de la nature par des images visuelles et olfactives. Claudius assassine son frère pour épouser sa veuve. Cet acte déclenche la corruption et la maladie sur tous les plans. La pourriture de l’État est proportionnelle à celle de son souverain.
Le rôle d’Ophélie
Ophélie, l’un des deux personnages féminins, incarne l’innocence au sein de ce monde corrompu. Malgré les odeurs de pourriture, elle est associée aux fleurs et aux parfums agréables.
Ö. Nutku note : « Tout au long de la pièce, la politique apparaît comme une force motrice. Aucun personnage n’y échappe. Même le spectre y prend part. Ophélie elle-même ne peut quitter ce mécanisme et en devient la victime. »
À un moment, Ophélie distribue des herbes et des fleurs aux courtisans en fonction de leur caractère. Bien que folle, ses choix sont étonnamment judicieux. Comme souvent chez Shakespeare, l’auteur démontre sa connaissance des plantes et de leurs symboliques. Ophélie semble donner à chacun des remèdes à ses défauts, comme s’il s’agissait de véritables médicaments.
Conflits secondaires de la pièce
Les conflits secondaires sont les suivants :
- Peur et courage (conflit intérieur de Hamlet)
- Hamlet contre Claudius (pour le pouvoir)
- Le roi Hamlet contre Claudius (encore le pouvoir)
- Rêve et réalité (autour du spectre)
- Raison et sentiment (chez Hamlet, Claudius, Gertrude, Ophélie et Laërte)
- Le jeu et la réalité (Hamlet met en scène une pièce dans la pièce)
- Ancienne et nouvelle génération (conflit récurrent entre vieux et jeunes)
- Peuple et pouvoir (les souffrances du peuple face à la corruption)
- Raison et folie (à travers Ophélie)
- Mère et fils (Hamlet et Gertrude)
- Père et fille (Polonius et Ophélie)
- Hamlet et Laërte (à propos d’Ophélie et de leur vengeance)
- Hamlet et Claudius (pour venger le roi défunt)
- Innocence et culpabilité (Ophélie par contraste avec Hamlet, Claudius, Gertrude et la cour)
- Claudius contre lui-même (ses remords occasionnels)
Sens des conflits
La richesse de Hamlet réside en partie dans la multiplicité de ses conflits. Selon nous, le principal conflit est celui de Hamlet avec la société qui l’entoure.
Un autre conflit majeur est la loyauté contre la trahison, né de l’empoisonnement du roi par Claudius et de son mariage avec Gertrude. La confrontation de Hamlet avec Claudius et Gertrude en découle. Cette union marquée par la trahison entraîne la corruption croissante du royaume.
Shakespeare tire ces conflits de la société dans laquelle il vit. Les événements de la fin du règne d’Élisabeth I se reflètent dans Hamlet : meurtres pour le trône, intrigues politiques, impasse pour les intellectuels. L’auteur peint son époque et les caractéristiques de ses contemporains.
Présentation de Hamlet
Comment Shakespeare nous présente-t-il Hamlet ? Ses traits apparaissent à travers les autres personnages et les situations qu’il traverse.
Les aspects biologiques de Hamlet sont finement travaillés. Son âge reste sujet à débat, mais en lisant attentivement l’acte V scène 1, on devine qu’il a trente ans. Sa dextérité lors du duel avec Laërte montre sa maîtrise de l’escrime.
Son statut social se voit dans le fait qu’il est prince. Il appartient à la haute noblesse, a fait des études universitaires et s’intéresse aux arts. Son goût pour le théâtre et la poésie se manifeste lorsqu’il organise la pièce à l’intérieur de la pièce.
Au début, Hamlet se voit assigner une mission. Pourtant cette mission ne lui est pas donnée uniquement par le spectre de son père. La cupidité, l’hypocrisie, l’absurdité de la vie et la pourriture du Danemark (du monde) ne sont pas révélées par le fantôme. Celui-ci ne fait qu’amorcer la quête de Hamlet, qui se retrouve bientôt dépassé par la noirceur de ce monde.
Sa psychologie est donc façonnée par les circonstances. Hamlet est assez intelligent pour voir la corruption qui l’entoure, mais assez sensible pour en être écrasé.
La mort de son père, le remariage de sa mère avec son oncle, la trahison de ce dernier et la déliquescence du royaume façonnent son esprit. Hamlet se débat dans cette fange et s’enfonce inexorablement vers une fin tragique.
La profonde personnalité de Hamlet
Hamlet est l’un des personnages les plus complexes de Shakespeare.
Prince d’une trentaine d’années, fils d’un roi défunt et d’une reine encore en vie, il appartient à la noblesse. Il est cultivé, curieux et critique. Mais il est aussi hésitant, soupçonneux, colérique, peureux, aliéné, doté d’une sensibilité extrême. Cette complexité explique pourquoi chacun imagine un Hamlet différent. Elle justifie aussi les innombrables interprétations scéniques.
Hamlet raconte l’histoire d’une famille : un homme dont le père est tué par son oncle, lequel épouse ensuite sa mère. Apprenant la vérité, il tue son oncle. Cette trame a suscité des lectures psychanalytiques.
Faiblesse de Hamlet et approche psychanalytique
Hamlet, comme l’ombre de son père, est peu à peu exclu de la cour. Lacan dit : « Il joue le fou parce qu’il sait qu’il est le plus faible. » Cette faiblesse explique son hésitation à agir (tuer le roi). Claudius, en épousant Gertrude, s’empare du phallus symbolique. Hamlet se retrouve paralysé et ne peut qu’essayer de prouver sa culpabilité.
Terry Eagleton interprète Hamlet selon le complexe d’Œdipe :
« Ce que Hamlet perd vraiment, ce n’est pas tant son père que sa mère. Elle commet deux fautes impardonnables : elle dévoile qu’elle est capable de désir — scandale pour une mère — et ce désir n’est pas dirigé vers Hamlet. » (Eagleton, 1998)
Cette lecture donne un éclairage particulier à la scène de confrontation avec Gertrude. Dans l’adaptation de Franco Zeffirelli avec Mel Gibson, Hamlet embrasse sa mère en la suppliant, soulignant cette dimension psychanalytique. Mais Hamlet ne se limite pas à cela…
La folie de Hamlet
La folie du personnage a suscité de nombreux débats. Est-il fou ? Fait-il semblant ? Ou devient-il fou en jouant le fou ? Nous pensons que la pièce est une sorte d’enquête : Hamlet veut vérifier les dires du spectre. Pour y parvenir, il se fait passer pour fou, et ce rôle finit par lui coller à la peau.
Polonius déclare après l’avoir observé : « Je crois qu’il est fou, mais seule la folie peut parler de la vraie folie. » Shakespeare reconnaît donc la nature paradoxale de la folie. Aujourd’hui encore, malgré les avancées scientifiques, elle reste en partie un mystère.
Hamlet montre des signes de folie tout en la jouant. Sa démence est aussi l’expression symbolique de la folie du monde. Pour lui, toute la société danoise agit contre la raison et le bon sens. Le système est tellement corrompu qu’il pense devoir le détruire pour en rebâtir un neuf. Il porte donc le masque de la folie pour démasquer les coupables, mais ce plan le conduira à sa perte.
En résumé, Hamlet porte un masque de folie pour affronter un monde devenu fou, mais ce masque finit par le posséder et le mène à commettre des erreurs, comme le meurtre de Polonius. Son nihilisme, décrit par Ö. Nutku comme « au sommet de la dimension spirituelle », explique ses hésitations. Il n’a confiance ni en ce monde ni dans l’au-delà. L’existence lui semble insupportable.
Hamlet et Alexandre
Hamlet évoque le grand conquérant Alexandre :
« Au bout du compte, Horatio, ne sommes-nous pas réduits à de bien viles choses ? L’imagination ne peut-elle suivre la poussière d’Alexandre jusqu’au bouchon d’un tonneau ? »
Hamlet se sent écrasé par le poids d’un monde corrompu. Sa capacité à comprendre la réalité est proportionnelle à sa souffrance. Il sait que ce désordre vient de l’immoralité de ceux qui gouvernent. Il dit :
« Le monde est détraqué. Hélas ! destinée cruelle, pourquoi suis-je né pour le remettre en ordre ? »
Nietzsche et la comparaison avec Atlas
Dans La Naissance de la tragédie, Friedrich Nietzsche compare Hamlet à Atlas, qui doit porter la voûte céleste pour avoir offensé Zeus. Hamlet, sans être fautif, partage ce poids :
« Tous deux ont aperçu l’essence des choses et l’ont comprise. L’action les dégoûte, car elle ne changera pas la nature éternelle des choses. Qu’on attende d’eux qu’ils remettent de l’ordre dans ce monde déréglé leur paraît ridicule ou honteux. » (Nietzsche, 2005)
Goethe et le fardeau de Hamlet
Goethe décrit ainsi ce que Shakespeare veut exprimer dans Hamlet :
« Il est manifeste que Shakespeare veut montrer une action d’une grande envergure imposée à une âme incapable de la soutenir. Toute la pièce illustre cette idée. C’est comme si l’on plantait un chêne dans un vase destiné à de délicates fleurs ; les racines font éclater le vase. Un être noble, pur, d’une grande spiritualité mais physiquement faible est écrasé par un fardeau qu’il ne peut refuser. » (Bayard, 202)
La personnalité disharmonique de Hamlet
On peut dire mille choses sur Hamlet, parfois irresolu, sombre, pessimiste. Pour Victor Hugo, il est « enchaîné par la pensée et par le doute ». D’autres voient dans ses monologues non pas un signe de faiblesse mais de force. Semih Çelenk résume l’équation de Hamlet ainsi : « Ou peut-être que… Ou bien autrement. Peut-être ni l’un ni l’autre. » (Çelenk, 2000)
La diversité des interprétations montre que sa personnalité reflète la nature disharmonique de l’être humain. Takiyettin Mengüşoğlu, dans son anthropologie philosophique, affirme que l’homme porte en lui toutes les possibilités, bonnes ou mauvaises. « Comme Hamlet, chaque être humain contient en lui les germes opposés de l’ange et du démon. » (Mengüşoğlu, 1988) Hamlet est réel parce qu’il incarne cette dualité.
Bibliographie
- Anonyme. (s.d.). Renaissance. Consulté le 11/11/2019 sur Wikizero
- Ball, D. (1982). Dramaturgie. New York.
- Bayard, P. (202). Enquête sur Hamlet. Ankara : Dost Kitabevi.
- Bozer, A. D. (2019). Images de pourriture et de maladie dans Hamlet de Shakespeare. Revue de la Faculté des Lettres de l’Université d’Hacettepe, 110–121.
- Bozkurt, B. (s.d.). Hamlet, folie et anarchie.
- Çelenk, S. (2000). Les barbares sont heureux car ils n’ont pas de théâtre. Izmir : Etki.
- Eagleton, T. (1998). William Shakespeare. Mimesis, 85.
- Lacan, J. (1986). Le Séminaire, Livre VII : L’Éthique de la psychanalyse. Paris : Seuil.
- Mengüşoğlu, T. (1988). Philosophie de l’homme. Istanbul : Remzi.
- Nietzsche, F. (2005). La Naissance de la tragédie. Istanbul : Cem.
- Nutku, P. D. HAMLET CONTEMPORAIN.
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- Shakespeare, W. (1999). Hamlet. Istanbul : Remzi.
- Histoire du théâtre (s.d.). Théâtre baroque. Consulté le 02/11/2019 sur Tiyatro Tarihi.
- Tigner, A. L. (s.d.). Literature and the Renaissance Garden from Elizabeth I to Charles II. Londres.